Une filmographie de Quentin Tarantino ? Non, juste un top des films à lire dans le sens qui vous plaira !
Classer les films de l’une des filmographies les plus populaires des années 1990-2000 est une tâche aussi difficile que de lutter contre la bêtise dans le monde. Seulement après le top des films de Tim Burton, on avait envie…
Néanmoins, tenter d’établir une telle hiérarchie peut entraîner la perte d’amis, des disputes familiales ou même déclencher une guerre nucléaire.
En effet, classer les longs-métrages de Tarantino, c’est s’attirer les foudres de communautés entières : les adeptes de Pulp Fiction, qui ne comprennent pas pourquoi il n’est pas en tête, les passionnés de Boulevard de la mort qui pleurent sa cinquième place, les fans d’Inglourious Basterds qui attaquent quiconque a dénigré leur film préféré, tandis qu’un autre du même acabit crache sur Reservoir Dogs (« Parce que c’est une pâle copie de City on Fire de Ringo Lam »).
Il était impossible de satisfaire tout le monde, mais à un moment donné, il a fallu prendre une décision.
Au fait, qui est Quentin Tarantino?
Né le 27 mars 1963 à Knoxville, Tennessee, Quentin Tarantino est un cinéaste, scénariste, producteur et acteur américain de renom. Il a fait ses débuts en tant que réalisateur de films indépendants avec ses deux premières œuvres, Reservoir Dogs (1992) et Pulp Fiction (1994), ce dernier lui valant la Palme d’or à Cannes.
Après Jackie Brown en 1997, il revient en force avec les deux parties de Kill Bill (2003 et 2004). Ses derniers films, Inglourious Basterds (2009) et Django Unchained (2012), sont ses plus grands succès commerciaux à l’international.
L’œuvre de Tarantino témoigne d’une connaissance approfondie du cinéma. Son style unique se caractérise par une narration postmoderne et non linéaire, des dialogues soignés et parsemés de références à la culture populaire, ainsi que des scènes esthétiquement marquantes, mais d’une violence extrême, inspirées de films d’exploitation, d’arts martiaux ou de westerns spaghetti.
Formé en tant qu’acteur, il incarne souvent des rôles secondaires dans ses propres films, comme M. Brown dans Reservoir Dogs, Jimmie dans Pulp Fiction, Warren dans Boulevard de la mort ou un employé de compagnie minière dans Django Unchained.
Tarantino a fondé la société de production A Band Apart pour Pulp Fiction, un nom rendant hommage au film Bande à part de Jean-Luc Godard, tandis que son logo reprend les personnages en costumes noirs de Reservoir Dogs. Il collabore fréquemment avec son ami réalisateur Robert Rodriguez.
Le top presque objectif des films de Quentin Tarantino
Pulp Fiction (1994)
Pulp Fiction, c’est ce poster d’Uma Thurman sur un lit qui a orné nos chambres d’adolescents, nous perdant dans ses yeux alors que nous étions allongés sur notre propre lit. C’est ce braquage, monté à l’envers, qui introduit une bande-son parfaite qui a marqué les années 1990 par sa coolitude, jusqu’à ce que les Black Eyed Peas commettent l’impensable…
C’est cette scène où Samuel L. Jackson mêle dans un prêche enflammé les hamburgers, le système métrique et la justice divine. C’est Travolta, acteur ressuscité, qui danse avec Uma Thurman à la manière de la Bande à part de Godard. C’est cette scène où Uma Thurman est sauvée par Travolta d’une overdose grâce à une seringue.
C’est (encore) Travolta qui tue accidentellement un homme, Marvin, et qui doit demander de l’aide à Tarantino et Harvey Keitel. C’est (enfin) Travolta qui est réduit en morceaux par un Bruce Willis soucieux de la cuisson de son pain grillé. C’est une Palme d’or à Cannes en 1994, avec un Tarantino étonné par tous ces éloges, lui qui est habitué à « diviser plutôt qu’à rassembler ». Pulp Fiction, c’est LE film culte. Pulp Fiction, c’est le film d’une génération, mais pas seulement, car son héritage cinématographique continue d’être aussi jouissif que rafraîchissant. Il résume parfaitement le cinéma indépendant des années 1990.
Inglourious Basterds (2007)
En 2009, Tarantino se lance dans le genre des films de guerre, s’inspirant particulièrement des films ultra-violents de la fin des années 1960 tels que The Dirty Dozen, Play Dirty ou Where Eagles Dare, mettant en scène une guerre sale menée par des salauds. Comme à son habitude, le réalisateur mélange les références pour créer un film à tiroirs, riche en émotions.
Ce qui marque un véritable tournant dans sa filmographie, c’est la gestion de la langue. Tarantino, connu pour ses dialogues interminables, ajoute une nouvelle dimension dans Inglourious Basterds en intégrant le personnage polyglotte de Christoph Waltz. En parlant allemand, anglais, français et italien, le film devient un véritable ovni où la tension est omniprésente et le réalisme saisissant.
Dans ce film, cependant, le réalisateur commence à réécrire l’histoire de manière fantasmée, avec un humour noir dévastateur qui mène à une fin à la fois jouissive et presque ridicule. Tarantino joue avec l’image de certains acteurs, comme Brad Pitt et sa mâchoire carrée, et transforme même son ami réalisateur Eli Roth en « ours juif » armé d’une batte de baseball.
Avec Inglourious Basterds, Tarantino modernise son écriture à l’aube des années 2010, créant ainsi une œuvre charnière dans sa filmographie.
Jackie Brown (1997)
Tarantino a toujours été fasciné par la culture afro-américaine et a grandi en regardant les films d’action noirs des années 1970. C’est là qu’il a découvert Pam Grier, une figure emblématique du féminisme noir et de la blaxploitation. En lui donnant le rôle principal de Jackie Brown, une hôtesse de l’air experte en manipulation, Tarantino a relancé la carrière de l’actrice et a brisé l’étiquette qui la limitait aux rôles de dure à cuire.
Jackie Brown est en tête de notre classement pour plusieurs raisons, notamment sa bande originale soul, qui comprend des morceaux tels que « Across 110th Street » de Bobby Womack, « Street Life » de Randy Crawford et « Strawberry Letter 23 ». Les répliques de Samuel L. Jackson et la performance de Robert De Niro en loser pathétique, fraîchement sorti des tournages de Heat et Casino, sont également des éléments marquants du film.
Troisième film de Tarantino, Jackie Brown est peut-être le moins connu du grand public, mais il occupe une place spéciale dans nos cœurs. Son intrigue policière à la narration non linéaire en fait un film unique en son genre.
Django Unchained (2012)
Django Unchained occupe une place de choix pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le film présente certaines des meilleures performances de la filmographie de Tarantino, notamment celle de DiCaprio dans le rôle de l’antagoniste légendaire Calvin Candie, une prestation si intense que l’acteur s’est blessé à la main pendant le tournage de la scène où il frappe sur la table. Ce film réussit également à combiner le meilleur du cinéma de Tarantino : les séquences comiques sont hilarantes, les méchants sont détestables (ce qui rend leur élimination par les héros d’autant plus satisfaisante), et l’histoire d’amour est touchante. Tout est parfaitement équilibré et calibré avec précision. On pourrait presque dire que c’est son œuvre la plus aboutie, mais nous n’irons pas jusque-là.
Django Unchained est plus qu’un simple western : c’est un film thérapeutique pour de nombreux Américains. Voir un ancien esclave noir devenu un héros badass prendre sa revanche sur l’un des aspects les plus sombres de l’histoire des États-Unis est un véritable plaisir coupable. C’est la suite idéale à Inglourious Basterds.
Et puis, y a-t-il une scène plus emblématique de Tarantino que cette séquence de fusillade épique dans la maison, où les balles fusent de toutes parts dans un ralenti sublime, le sang gicle sur les murs et les actions héroïques de Django se succèdent, le tout accompagné d’un mash-up de James Brown et Tupac ? Probablement pas. Et dire que Will Smith aurait pu jouer Django à la place de Jamie Foxx… Le film aurait eu une toute autre allure.
Boulevard de la mort (2007)
Sorti en 2007, le cinquième film de Tarantino est son plus accessible, reflétant sa nostalgie pour un certain cinéma de genre.
Bien que le film ait été distribué de manière traditionnelle en France, Boulevard de la mort faisait partie aux États-Unis du double programme « Grindhouse », avec Planète terreur de Robert Rodriguez. Alors que Kill Bill rendait hommage à la culture japonaise et Jackie Brown à la blaxploitation, ce film met en avant les cascadeurs hollywoodiens en les faisant se rencontrer dans des poursuites en voiture effrénées et une vengeance impitoyable menée par des femmes, qui sont les premières victimes des actes du célèbre Stuntman Mike, incarné par Kurt Russell.
Ce dernier a d’ailleurs été choisi pour ses rôles d’antihéros dans les années 1980. Le résultat est 110 minutes qui prennent aux tripes et donnent envie de regarder The Driver en buvant une bière au Texas Chili Parlor. Boulevard de la mort illustre avec précision comment Tarantino peut être créatif en utilisant des références soi-disant dépassées, comme en témoigne l’utilisation de la pellicule érodée.
Reservoir Dogs (1992)
Ce premier film rend hommage aux films noirs français et américains des années 1950 ainsi qu’au cinéma asiatique des années 1980, et contient déjà tous les éléments caractéristiques de l’œuvre de Tarantino : des dialogues apparemment anodins mais interminables, ponctués de coups de feu, une narration en forme de puzzle qui révèle les différentes facettes des personnages, et des scènes cultes rythmées par une bande-son parfaitement choisie.
Reservoir Dogs est un film de genre qui ne sombre pas dans l’excès. L’une des idées les plus ingénieuses du film est de ne jamais montrer le braquage dont il est question, et de créer ainsi un huis clos oppressant (une technique que l’on retrouvera plus tard dans Les Huit Salopards).
L’intrigue repose entièrement sur la tension entre les personnages et leurs perceptions respectives. Bien que Tarantino se soit largement inspiré de la fin de City On Fire de Ringo Lam, il parvient à faire de Reservoir Dogs une œuvre originale, comme s’il échantillonnait une boucle de soul ou un break de batterie pour créer une nouvelle musique.
Dès ce premier film, la direction d’acteurs de Tarantino est remarquable. Il parvient à tirer le meilleur de chaque acteur, qu’il s’agisse de Michael Madsen, Harvey Keitel ou même de l’écrivain Ed Bunker, et à créer des personnages marquants, tout comme il le fera plus tard avec John Travolta, Pam Grier ou David Carradine. Tout le cinéma de Tarantino trouve son origine dans cette histoire de braquage raté et de loyauté mise à l’épreuve, qui mêle les influences de la Nouvelle Vague et de la culture pop.
Un point de départ essentiel pour comprendre l’œuvre de Tarantino.
Kill Bill Vol. 1 (2003)
Le premier volet des aventures de la mariée déshonorée, l’ancienne mercenaire à qui on a tout pris et dont la soif de vengeance est inégalée, est un joyau. À l’origine, les deux Kill Bill ne devaient faire qu’un, mais le premier opus pourrait presque se suffire à lui-même. En se concentrant sur les motivations du personnage plutôt que sur son histoire, Tarantino offre à Uma Thurman l’un de ses meilleurs rôles, sinon le meilleur.
C’est peut-être aussi la plus belle déclaration d’amour que Tarantino ait pu écrire au cinéma de genre, de kung-fu, d’action, de combat, et même à l’animation japonaise avec la séquence incroyable sur les origines d’O-Ren Ishii. L’équilibre entre les genres, qui permet des variations de ton et d’ambiance d’un chapitre à l’autre, donne l’impression que Tarantino s’est plus amusé que jamais à se replonger dans ses vieux souvenirs de cinéphile fan des films de série B asiatiques.
Mais plus encore, il offre la séquence de combat la plus impressionnante de toute sa filmographie, où, vêtue de jaune et armée d’un sabre, Beatrix Kiddo massacre le gang des Crazy 88. Une longue séquence de presque 40 minutes qui nous offre le meilleur condensé possible du cinéma de Tarantino : des plans complètement fous et quelques plans séquences d’une beauté rare, des hommages à foison, des dialogues parfaits, une colorimétrie sublime et une tension rare. Peut-être que la bande originale de RZA y est pour quelque chose, aussi.
Kill Bill Vol. 2 (2004)
Kill Bill Vol.2 s’ouvre en noir et blanc, avec un massacre dans une église, une héroïne enterrée vivante, un œil arraché, un serpent qui saute au visage… En somme, un deuxième volet placé sous le signe de la violence et légèrement plus racoleur que son prédécesseur (qui reste supérieur).
Moins féministe que dans le premier, le cinéaste semble prendre moins de précautions pour conclure ce portrait puissant de son héroïne. Ainsi, une séquence d’entraînement avec Pai Mei ressemble davantage à un jeu de domination qu’à un parcours d’apprentissage. Pour ne rien arranger, en plus de clore les aventures vengeresses de Beatrix Kiddo, Kill Bill Vol. 2 marque également la fin de la collaboration entre Quentin Tarantino et Uma Thurman, sa muse.
En effet, derrière le succès de ce diptyque qui a rapporté plus de 150 millions de dollars au box-office, une anecdote tragique a été cachée pendant des années, détériorant les relations entre l’actrice et le cinéaste.
En cause ? Les pratiques du producteur Harvey Weinstein auxquelles Quentin Tarantino a fermé les yeux. Comme l’a expliqué Uma Thurman lorsque le scandale #Metoo a éclaté, l’actrice s’est gravement blessée pendant une cascade sur le tournage.
Les Huit Salopards (2015)
Le mauvais élève de la classe? Le seul film capable de créer un consensus. Certains lui reprochent la première heure de promenade dans la neige, longue et inutile. D’autres le trouvent trop lent, trop bavard ou trop répétitif. Bref, vraiment pas le meilleur de Tarantino.
Cependant, ce western en huis clos sous forme de pièce de théâtre reste un divertissement agréable avec un casting exceptionnel (Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Tim Roth, Michael Madsen, Channing Tatum) et un twist final très (trop ?) caractéristique de Tarantino.
Toutes les questions à propos de Quentin Tarantino
Le style cinéphile de Tarantino se caractérise par sa narration postmoderne et non linéaire, ses dialogues soignés et truffés de références à la culture populaire, ainsi que ses scènes esthétiques mais d’une violence extrême, inspirées de films d’exploitation, d’arts martiaux ou de westerns spaghetti.
« Pulp Fiction » reprend les ingrédients qui ont fait le succès de « Reservoir Dogs » : des dialogues fluides et percutants, une montée en tension, une violence soudaine et brutale, le tout saupoudré d’une bonne dose d’humour.
Tarantino collabore avec le producteur Lawrence Bender pour obtenir le financement de son premier film, Reservoir Dogs (1992), dont il a également écrit le scénario. L’acteur Harvey Keitel est séduit par le scénario et s’engage en tant qu’acteur et producteur sur le projet.
Le dernier film réalisé par Quentin Tarantino est « Once Upon a Time in Hollywood », sorti en 2019.